Réparer dans les règles en 2025 : obligations, enjeux, opportunités pour les ateliers
2 juillet 2025
Temps de lecture : 6,8 minutes

Le secteur de la réparation automobile est en pleine transformation. L’arrivée des motorisations électriques, les pressions environnementales et l’harmonisation des réglementations européennes obligent les ateliers indépendants à se moderniser rapidement.
Cette mutation s’inscrit dans un contexte plus large : celui du plan d’action européen pour l’automobile, présenté en mars 2025 par la Commission. Un plan qui suscite des inquiétudes chez les professionnels de la réparation indépendante, qui estiment que les enjeux de terrain restent encore trop peu pris en compte.
Lire l’article Auto-Infos « Industrie automobile : la FNA interpelle la Commission européenne sur les défis du secteur » https://www.auto-infos.fr/article/industrie-automobile-la-fna-interpelle-la-commission-europeenne-sur-les-defis-du-secteur.286492
Sécurité des données, performance énergétique, gestion des déchets, certification des techniciens d’atelier… la conformité réglementaire devient un enjeu stratégique autant qu’une condition de pérennité pour les professionnels du secteur. Voici les grandes règles à connaître en 2025.
SERMI : un accès sécurisé et encadré aux données des véhicules
Le règlement SERMI (Security Related Vehicle Repair and Maintenance Information) a été mis en place en novembre 2024 pour encadrer l’accès aux informations sensibles liées à la sécurité des véhicules. Désormais, tout réparateur automobile souhaitant intervenir sur des éléments comme l’antidémarrage, les verrous de colonnes de direction, les systèmes d’alarme ou encore certaines mises à jour électroniques qui touchent à l’inviolabilité du véhicule doit obtenir une certification officielle.
Ce cadre vise à renforcer la sécurité contre les vols et les manipulations frauduleuses, tout en garantissant une égalité d’accès à l’information technique entre constructeurs et réparateurs indépendants. Pour les ateliers, cela implique de faire certifier leur structure par un organisme accrédité (comme DEKRA et SGS) et de se mettre en conformité avec plusieurs exigences : identification du personnel, sécurité des installations, documentation à jour, procédures internes formalisées.
Pour pouvoir bénéficier de certains services comme le Remote DIAG de DAF Conseil, la certification SERMI devient donc incontournable.
Lire l’article DAF Conseil « Certification SERMI : le nouveau sésame pour les réparateurs automobiles français » https://www.dafconseil.com/2024/10/29/certification-sermi-le-nouveau-sesame-pour-les-reparateurs-automobiles-francais/
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CAFE : la performance environnementale entre dans l’atelier
Le règlement européen CAFE (Corporate Average Fuel Economy) impose aux constructeurs des objectifs stricts de réduction des émissions de CO₂, calculés sur la moyenne de leurs ventes de véhicules particuliers et utilitaires. En cas de dépassement, des pénalités financières lourdes s’appliquent.
Mais ce cadre, conçu pour l’industrie, a des conséquences très concrètes pour les réparateurs automobiles. Pour atteindre ces objectifs, les constructeurs accélèrent la mise sur le marché de modèles de véhicules hybrides, électriques ou thermiques optimisés, intégrant des technologies de plus en plus complexes.
Cela implique pour les ateliers de maintenance réparation :
- Une montée en compétences des techniciens experts, notamment sur les systèmes de dépollution, d’assistance à la conduite (ADAS) ou de gestion thermique ;
- L’acquisition d’outils de diagnostic compatibles avec les normes les plus récentes ;
- La nécessité de mettre à jour les procédures d’intervention selon les prescriptions constructeur.
Les ateliers de réparation doivent également s’adapter à une nouvelle posture : celle de conseillers techniques. Informer les clients sur les bonnes pratiques, anticiper les entretiens liés à l’électrification, ou proposer un bilan énergétique du véhicule deviennent des leviers de fidélisation.
Le renforcement des normes CAFE en 2025 a suscité de nombreux débats. La Commission européenne a finalement accepté d’introduire une forme de souplesse, pour éviter de fragiliser l’équilibre industriel du secteur.
Lire l’article du Journal de l’Automobile « La Commission accorde une flexibilité sur les objectifs CAFE » https://journalauto.com/industrie/cafe-2025-la-commission-europeenne-accorde-une-flexibilite-sur-trois-ans-pour-le-calcul-des-emissions-de-co2/
Verdissement des flottes de véhicules : une transition qui concerne aussi les ateliers
La stratégie de verdissement des flottes, imposée par la loi d’orientation des mobilités (LOM) et les objectifs de neutralité carbone à 2050, a un impact concret sur l’activité des réparateurs.
Les entreprises remplacent progressivement leurs véhicules thermiques par des modèles électriques ou hybrides rechargeables, ce qui impose aux ateliers d’entretien et de réparation de repenser leur fonctionnement.
Cela implique notamment :
- Une habilitation spécifique (B0L, B2VL, B2TL) pour la maintenance électrique, exigée par la norme NF C18‑550 ;
En savoir plus sur DAF Conseil, acteur de la mobilité électrique - Des équipements adaptés : outillages isolés, EPI (équipements de protection individuelle), EPC (équipements de protection collective), bornes de recharge ;
- Une réorganisation des espaces en atelier pour sécuriser les interventions sur les véhicules haute tension.
Au-delà de l’aspect technique, cette transformation touche aussi les enjeux environnementaux : gestion des batteries, tri des déchets dangereux, conformité aux normes en vigueur.
Les ateliers de réparation qui anticipent ces évolutions peuvent se positionner comme des acteurs incontournables auprès des flottes d’entreprise, en accompagnant leur transition énergétique dans une logique de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises).
Lire l’article du Journal de l’Automobile « Verdissement des flottes : l’Europe s’en mêle » https://journalauto.com/journal-des-flottes/verdissement-des-flottes-leurope-sen-mele/
Pièces de réemploi et gestion des déchets : l’atelier entre dans l’économie circulaire
Depuis 2019, les réparateurs automobiles doivent proposer, dans leurs devis, des pièces issues de l’économie circulaire (PIEC) lorsqu’elles sont disponibles et conformes aux critères de sécurité. Ces pièces de réemploi, d’origine, rénovées ou remanufacturées, participent à une réparation plus responsable, en limitant l’impact environnemental et en offrant une alternative économique aux pièces neuves.
Pour intégrer cette démarche, l’atelier doit pouvoir identifier les bonnes références, travailler avec des fournisseurs agréés et sensibiliser ses clients. Cela renforce son rôle de conseil et son positionnement dans une logique de RSE.
Lire l’article Auto Infos « Les pièces issues de l’économie circulaire marquent des points chez les réparateurs » https://www.auto-infos.fr/article/les-pieces-issues-de-l-economie-circulaire-marquent-des-points-chez-les-reparateurs.285867
En parallèle, la gestion des déchets en atelier de réparation automobile est strictement encadrée par la réglementation environnementale. Tout garage doit aujourd’hui mettre en place :
- Le tri des déchets issus de l’entretien (huiles usagées, filtres à air et à huile, liquides de refroidissement, batteries, pneumatiques, solvants…) ;
- Un stockage sécurisé selon les normes en vigueur (bacs étanches, zones identifiées) ;
- L’élimination via des filières agréées, avec un suivi rigoureux (bordereaux de traçabilité, registres de collecte).
Cette gestion responsable des déchets ne relève pas uniquement d’une obligation légale : elle constitue un véritable enjeu stratégique pour l’atelier, qui y gagne en image, en conformité, et en attractivité vis-à-vis des particuliers comme des donneurs d’ordre professionnels.
Lire l’article DAF Conseil « La gestion des déchets en atelier de réparation : un enjeu environnemental et organisationnel majeur » https://www.dafconseil.com/2025/01/07/la-gestion-des-dechets-en-atelier-de-reparation-automobile-un-enjeu-environnemental-et-organisationnel-majeur/
Conclusion : une réglementation exigeante, mais porteuse d’opportunités
La multiplication des réglementations peut, à première vue, sembler contraignante pour les ateliers automobiles. Mais elle constitue aussi un véritable levier de transformation pour les professionnels du secteur.
- Le SERMI encourage la montée en compétence des réparateurs et valorise les structures organisées et sécurisées ;
- Le règlement CAFE modifie profondément le type de véhicules pris en charge, en imposant la maîtrise des nouvelles technologies ;
- La transition énergétique pousse à réinventer les pratiques métiers, l’aménagement des ateliers et la relation client.
Les réparateurs qui sauront anticiper ces évolutions, se former, adapter leurs procédures, et communiquer sur leur conformité seront aussi ceux qui gagneront la confiance des clients, renforceront leur visibilité et assureront la pérennité économique de leur activité dans un marché en pleine mutation.
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